Mon avis sur la grève 2011 dans l'enseignement

Le boulot d'enseignant est un sujet sur lequel j'entre régulièrement en conflit avec ma maman, qui est institutrice, et qui se termine toujours par la même réplique de sa part : "T'avais qu'à choisir ça comme métier".
Bon. Avec la grève de cette année et les médias aidant, beaucoup de jeunes instits/profs se sont fendus de longs textes sur Facebook et ailleurs pour parler de leur travail, dire pourquoi ils faisaient grève et ironiquement "s'excuser" de cela en dressant la liste de tout ce qui cloche dans leur métier.
Ok. Alors voici ce que moi aussi je voudrais leur dire :
Si vous aviez exercé ne serait-ce que pendant un an un autre métier, vous sauriez prendre du recul par rapport à tout cela et réaliser à quel point vous n'êtes finalement pas si mal lotis. J'ai une amie qui a été indépendante avant de reprendre des cours pour devenir enseignante et elle est tout à fait d'accord avec moi là-dessus. Bien sûr elle a des cours à préparer et ses élèves sont parfois épuisants mais (et c'est bien elle qui me le dit) ce n'est rien à côté des petits horaires, du nombre de congés et de la paye qu'elle touche pour le nombre d'heures prestées en comparaison avec un emploi à temps plein (c'est-à-dire en Belgique 38 heures par semaine et 20 jours de congés légaux - pour l'année !). Sans compter que lors de votre première année de travail en Belgique vous ne bénéficiez d'aucun congé.
Certes, ces jours de congé vous ne pouvez pas les choisir mais c'est plutôt un sacré avantage lorsqu'on a des enfants. Pas de frais de crèches et autres soucis pour savoir où mettre vos enfants pendant que vous devez travailler.
Pour ce qui est du salaire et des enfants "difficiles à gérer", voici ce que j'ai à dire : j'ai été formatrice dans le domaine de la réinsertion sociale pendant plus de deux ans, je touchais à peine plus que le salaire de base d'un enseignant, j'avais 21 jours de congé par an et à la place d'une classe d'élèves j'avais à m'occuper de chômeurs de 18 à 50 ans dont les difficultés vont parfois bien au-delà d'un simple comportement difficile. J'avais moi aussi des cours à préparer et souvent la tête qui explosait fin de journée, je sais aussi ce que c'est quand vous voulez apprendre quelque chose à des gens mais qu'ils "n'en veulent pas" comme je l'ai souvent lu. Pourtant je me satisfaisais de ce boulot parce que je savais qu'il y avait pire. Quand des collègues d'autres asbl me racontaient qu'ils s'étaient déjà fait frapper ou harceler par des stagiaires, en plus des heures supplémentaires impayées qu'ils avaient du prester au point de terminer parfois leur semaine le dimanche soir pour la recommencer le lundi matin, je vous assure que ça fait réfléchir.
Pour terminer, je vous demanderai juste d'y réfléchir à deux fois avant de vous plaindre parce que devenir enseignant est bien un choix que vous avez fait alors si vous n'êtes pas contents de votre sort, vous n'avez qu'à changer de métier, parce que peut-être que vous vous rendrez compte alors qu'il y a bien plus malheureux que vous et que certains, eux, n'ont pas d'autre choix que d'accepter des métiers encore plus mal payés et plus ingrats que le vôtre.
Bien sûr tout n'est pas toujours rose dans votre profession mais il ne faut pas croire pour autant que c'est forcément plus facile ailleurs.